"Deux tiers des licenciements auraient pu être évités grâce à de meilleurs programmes de santé. C'est inimaginable". - Jan Küster

• Insights du livre blanc ISPO Health & Retail
• Intelligence artificielle : l'avenir de la gestion de la santé en entreprise
• Corporate Health : opportunités d'avenir et importance du leadership
• Conclusion : voilà pourquoi la santé d'entreprise est passionnante pour le secteur du sport

ISPO.com : Jan, peux-tu tout d'abord nous expliquer ce qu'est la santé d'entreprise et pourquoi ce sujet est si pertinent ?

Jan : La santé au travail permet d'adopter un style de vie plus sain et aide à donner le meilleur de soi-même. Les employeurs, mais aussi les employés, en profitent : par exemple en ayant accès à des prestations qui ne sont peut-être pas couvertes par le système de santé public.

Nous voulions réunir cela à l'ISPO avec le secteur du sport afin de jeter un pont vers l'avenir de la santé, du sport, du bien-être et de la durabilité et de les amener dans le monde des prestations d'entreprise et des ressources humaines. Il s'agit en effet de la santé d'entreprise.

Car la santé en entreprise, ce n'est pas seulement le médecin du travail qui vient quand il faut se faire vacciner contre la grippe. C'est vraiment tout un univers. Et cela signifie aussi que les fabricants traditionnels de produits de sport et de bien-être, qu'il s'agisse de textiles, de produits techniques ou de produits matériels, pourraient considérer le domaine de la santé au travail comme un excellent canal de distribution.

Des entreprises comme Garmin, par exemple, proposent leurs appareils dans le cadre de Corporate Health Challenges avec une réduction de prix ou subventionnés par l'employeur. C'est un coup vraiment intelligent. Je pense que de nombreuses entreprises sportives traditionnellement actives dans ce domaine pourraient collaborer avec des entreprises, grandes ou petites, et leur fournir une expertise sur leur écosystème de santé afin de s'assurer qu'elles puissent également remplir leur mission dans le domaine de la santé au travail.

Dans notre livre blanc, nous avons constaté que l'avenir du commerce de détail et du sport passe aussi par la technologie. Près de 80% des personnes interrogées font du sport en premier lieu pour entretenir et améliorer leur santé. 76% estiment que la santé mentale est aussi importante que la santé physique. Pourquoi penses-tu que cette combinaison est un moteur de croissance aussi puissant ?

Nous avons tous aussi entendu parler du "runner's high". Nous savons que le sport augmente notre taux de dopamine et de sérotonine. Beaucoup de gens vont à la salle de sport le week-end ou le soir, pas forcément pour gagner une compétition, peut-être pour leur santé, mais aussi pour renforcer leur résistance au stress et peut-être faire baisser leur taux de cortisol, pour avoir tout simplement un mode de vie plus équilibré.

Ce chevauchement est donc tout à fait logique pour moi. Ce qui me donne également de l'espoir, c'est que la santé mentale est de plus en plus déstigmatisée. C'est d'ailleurs une caractéristique importante qui distingue les sportifs de haut niveau*, qui travaillent tous avec des entraîneurs mentaux. En outre, nous savons que la pandémie de COVID, par exemple, a au moins augmenté la visibilité des problèmes de santé mentale.

Une autre chose est également très intéressante lorsqu'il s'agit de la santé en entreprise : la santé mentale est tellement liée à la façon dont on se sent au travail et à la pression que l'on peut supporter. Il faut donc aussi savoir si le collaborateur est résistant et si on lui fournit un outil pour qu'il soit résistant. En effet, le livre blanc indique également que près de la moitié des employeurs ont démissionné en raison de problèmes de santé.

Cela signifie qu'une personne sur deux a déjà démissionné en raison de problèmes de santé au travail. Deux tiers de ces licenciements auraient donc pu être évités grâce à de meilleurs programmes de santé. C'est inimaginable.

Les deux tiers. Pourtant, nous avons une pénurie de main-d'œuvre qualifiée et une guerre des talents. En même temps, les gens arrêtent de travailler parce qu'ils s'inquiètent pour leur santé. La prévoyance santé en entreprise est-elle la réponse à cette question ?

Je le pense certainement. Les systèmes de santé en général ne sont pas nécessairement conçus pour la prévention. Le système de santé publique n'entre donc en jeu que lorsqu'on est malade.

Si nous avons un collaborateur chez qui on a diagnostiqué un burnout, il s'écoule en moyenne huit mois entre le diagnostic et la première séance de thérapie, pendant lesquels la personne n'est en fait plus en mesure d'effectuer le travail qui lui a été confié. Huit mois donc, pendant lesquels tu perds le talent.

Il est tout simplement économiquement raisonnable de minimiser ce risque et de comprendre que le système de santé publique ne s'en occupera pas, ou seulement avec un certain retard.

De plus, les entreprises, surtout en Allemagne, ne s'attendent pas forcément à une période économique des plus roses. La résilience, la santé mentale et l'équilibre deviennent donc des éléments de différenciation très importants pour une entreprise qui réussit.

Et c'est pourquoi la santé d'entreprise devient si importante. Si les travailleurs pouvaient aller voir quelqu'un qui leur dise : "Oui, nous prenons cela vraiment au sérieux. Nous voulons que tu sois aussi bon que tu peux l'être.

Et je pense que c'est la raison pour laquelle on change alors de travail, pour peut-être obtenir un abonnement à la salle de sport, pour peut-être avoir accès à des applications de santé qui ne couvrent pas non plus uniquement les jeunes et les personnes en bonne santé. Cela peut être un coaching sur le sommeil, cela peut être un coaching sur la nutrition. C'est tout cela que les meilleurs talents attendent de leur employeur. Cette tendance ne fera que s'accentuer.

Selon le livre blanc, près de 53 % des consommateurs souhaitent que les magasins de sport deviennent de véritables centres de santé offrant des conseils, des services et des produits. En d'autres termes, ils veulent que le magasin de sport devienne le point de référence en matière d'expertise qui les aide à préserver et à améliorer leur propre santé. Pourquoi crois-tu que ce changement se produise ?

Si je peux rester chez moi et faire mes achats uniquement en ligne, c'est la situation la plus confortable pour moi pour faire mes achats. En revanche, lorsque je vais dans un magasin, je veux vivre une expérience. J'aime par exemple acheter mes chaussures de randonnée chez Globetrotter, car je peux les essayer là-bas. Je peux y faire un test en marchant sur une rivière artificielle ou sur des pierres - c'est une expérience pour moi.

J'ai besoin d'un expert pour m'aider, car je veux que mon équipement soit le meilleur possible pour mes capacités. Les technologies modernes de vente au détail peuvent également permettre à chaque magasin d'être beaucoup plus compétent et les interfaces numériques peuvent aider le personnel de conseil et, en fin de compte, les clients, à prendre la meilleure décision d'achat.

Cela peut aller jusqu'à l'assistance nutritionnelle pour atteindre certains objectifs sportifs ou prévenir des maladies. Ou encore des diagnostics de course à pied pour obtenir un soutien technique et des conseils dans le magasin même. Des concepts tels qu'un Apple Store montrent à quoi ressemble le commerce de détail moderne et comment il peut être couronné de succès, contrairement à un magasin ordinaire. Je peux aussi échanger de l'argent contre des marchandises en ligne. Je n'ai pas besoin d'un magasin physique pour cela.

Près de 30 % des personnes interrogées dans le livre blanc souhaitent un meilleur suivi des données de santé. Quel est l'impact de la technologie sur la santé des entreprises et sur la synergie entre le sport et la santé ?

90 % des gens dehors portent une sorte d'appareil de suivi. Mais si nous combinons le suivi avec l'IA et un certain degré d'intelligence, je pourrais par exemple imaginer des clubs de golf équipés de capteurs qui me diraient si mon swing est correct et ce que je peux améliorer.

En même temps, je pourrais écouter les informations analysées via une application et des écouteurs et recevoir des conseils utiles pendant que je suis sur le driving range. Il en va de même pour les raquettes de tennis, pour mon stand up paddle et ainsi de suite. Je n'ai donc pas forcément besoin de réserver un entraîneur, ce qui révolutionne l'accessibilité d'un sport.

Autre point important : l'analyse des données à un niveau aussi individuel peut m'offrir une expérience très personnelle en permettant d'adapter chaque programme de fitness à mes besoins. Ces synergies sont bien visibles dans les services et les start-ups de la section ISPO Brandnew.

Que penses-tu qu'il y aura l'année prochaine à l'ISPO, par exemple, sur ces sujets ?

Je pense que l'on fait désormais beaucoup plus confiance à la technologie. Il y a peut-être cinq ans, il y avait beaucoup plus de méfiance vis-à-vis de la numérisation, de l'utilisation de l'IA. Et aujourd'hui, je ne veux pas avoir 15 hubs pour suivre mes données. Il doit donc y avoir une connectivité globale, fournie par une plateforme de santé, qui m'aide à m'optimiser.

Je pense que de plus en plus d'appareils, traditionnellement issus du domaine médical, trouveront leur chemin vers le marché du bien-être et de la santé. Nous ne devrions pas seulement parler des personnes appartenant à des groupes démographiques qui sont très jeunes et qui ont un long cycle de vie client, mais aussi et surtout des groupes d'âge de 50 ans et plus.

La longévité est l'une des grandes tendances que nous allons également aborder dans le domaine de la santé en entreprise. Les gens veulent vieillir et rester en bonne santé plus longtemps. En même temps, nous voulons que nos collaborateurs soient vraiment en bonne forme à partir de 55 ans et qu'ils fournissent ainsi de bonnes performances sur leur lieu de travail, quelle que soit la durée de leur travail.

La direction joue un rôle décisif dans le succès des initiatives de santé au travail, il faut donc une sorte de management buy-in pour que les mesures fonctionnent. C'est pourquoi je te pose la question en tant qu'expert : Comment les cadres peuvent-ils faire avancer efficacement ces programmes ?

L'un des KPI souvent mesurés par les cadres est la manière dont l'absentéisme peut être réduit. Cela entre en ligne de compte dans mon KPI de productivité. Il s'agit simplement de la présence au travail. Soit on est là, soit on est malade, soit on est peut-être en vacances.

Je ne pense pas que ce soit un bon KPI. Si tu penses, en tant que cadre, à ton équipe de sport préférée ou à ton sportif préféré, par exemple Andre Agassi à son apogée, je ne veux pas non plus qu'il soit simplement présent sur le terrain.

Chez les sportifs*, il s'agit aussi de leur réussite sur le terrain ou de leur passion. Il s'agit aussi de pouvoir parcourir un kilomètre supplémentaire.

Nous devons donc aussi voir les niveaux plus profonds, en plus des prestations de l'employeur ou de la marque employeur, qui permettent aux cadres d'agir. Si tu prends ton équipe, par exemple l'équipe marketing chez ISPO, et que tu dis : entraînons-nous ensemble pour un défi. Faisons peut-être une course d'entreprise ou faisons en sorte de nous encourager mutuellement à écrire un journal de gratitude chaque jour.

Cela te permet, en tant que cadre, de diriger à un tout autre niveau. Tu peux vraiment définir un objectif et le poursuivre en équipe, qui va au-delà de ton travail. Et tu obtiens alors une nouvelle compréhension pour une meilleure gestion d'équipe.

Penses-tu que nous verrons plus de conseils et plus de services qui aideront les dirigeants à vraiment intégrer cette idée de leadership moderne ?

Je l'espère vraiment. L'une des expériences que je retiens de toutes les entreprises actives dans le domaine de la santé d'entreprise est la manière dont elles sont devenues expertes en matière de changement organisationnel. Mais surtout, je pense que la responsabilité ne devrait pas être confiée à des consultants. La santé devrait être pour moi un déclencheur pour prendre la responsabilité de moi-même. Tout comme nous exigeons des sportifs qu'ils assument leurs résultats.

En conclusion, as-tu un conseil à donner pour explorer ce marché de la santé au travail ?

Absolument. Demandez à vos collaborateurs ce dont ils ont besoin. C'est la chose la plus simple à faire. Rien qu'en leur posant cette question, vous leur permettez déjà d'y réfléchir eux-mêmes et de découvrir peut-être un potentiel caché qui existe.

Jan Küster montre clairement à quel point la santé globale devient centrale pour le succès de l'entreprise et la fidélisation des collaborateurs. Le salon ISPO 2025 montre dans son nouvel espace santé et bien-être comment les entreprises peuvent se positionner stratégiquement dès maintenant. À proximité directe des thèmes de l'entraînement et de la performance, cet espace offre des solutions en matière de santé d'entreprise, de force mentale, de régénération et de prévention - et réunit des marques, des experts et des décideurs. Soyez de la partie - du 30 NOV. - 02. DEZ. à Munich.