La santé des femmes : pourquoi le travail de care, la carrière, la santé mentale et le sport vont-ils de pair ?

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Les mères assument des responsabilités à plusieurs niveaux - émotionnel, organisationnel, mental. Ce que l'on appelle la charge mentale les accompagne 24 heures sur 24 et peut conduire à unépuisement chronique et à un stress psychique. C'est précisément pour cette raison que de nombreuses mères renoncent au sport, notamment parce que prendre soin de soi est perçu comme "égoïste".Le Dr Fiona Bull de l'OMS souligne la différence entre les sexes : "Les hommes ont tendance à être plus actifs que les femmes. Cela signifie que les femmes bénéficient moins souvent des avantages pour la santé. Il y a donc une grande opportunité pour nous tous d'encourager davantage de femmes et de filles à devenir actives, à rester actives et à rester en bonne santé. C'est vraiment important, et malheureusement, c'est souvent négligé". C'est précisément pour cette raison qu'il est crucial de ne pas considérer l'activité physique comme un luxe ou un égoïsme, mais comme une composante nécessaire de la santé mentale et du soin de soi au féminin.

Il ne s'agit pas de réaliser des performances maximales. Au contraire, les séances de sport intensives ne sont pas nécessairement corrélées à un bonheur accru. Dans une étude japonaise, les mères qui ont atteint la recommandation de l'OMS de 150 minutes par semaine ont fait état d'un bonheur subjectif significativement plus élevé (score : 4,56 contre 4,09). Même 600 minutes MET par semaine - soit environ cinq heures d'exercice modérément intensif au quotidien, comme la marche ou le vélo léger - ont fait la différence. L'important est que l'activité physique soit adaptée à l'état physique et émotionnel du moment - elle est alors maintenue à long terme et agit comme une véritable ressource au quotidien.

Un regard sur la Suède souligne à quel point les conditions politiques sont liées à la santé mentale : Dans les pays où le congé parental est égalitaire, le besoin en médicaments contre l'anxiété diminue de 26 pour cent chez les mères. Mais on peut aussi faire bouger les choses à petite échelle - avec des offres d'activité physique qui prennent les mères au sérieux, créent un espace pour le lien social et traitent la santé mentale non pas comme un privilège, mais comme une base.

La volleyeuse brésilienne Priscila Heldes est sur le terrain malgré son ventre qui grossit - accompagnée médicalement, avec un entraînement adapté et un soutien total de son équipe. Son message : "Je suis en bonne santé et je me sens bien. La première chose que j'ai faite lorsque j'ai découvert que j'étais enceinte a été de demander de l'aide médicale. Je suis suivie par un professionnel qui a de l'expérience dans la santé des athlètes et qui m'a autorisée à jouer, en prenant quelques précautions, bien sûr". Pricila souligne l'importance d'un suivi médical, bien entendu chaque grossesse est individuelle. Chaque personne enceinte devrait être à l'écoute de son corps et faire ce qui lui convient en accord avec les médecins*.

L'activité physique pendant la grossesse ne favorise pas seulement le bien-être physique, mais réduit également le risque de douleurs dorsales, de diabète gestationnel et d'humeur dépressive après l'accouchement.

Mais si les exemples individuels sont encourageants, le cas de la nageuse paralympique Elena Semechin montre l'autre côté : Après l'annonce de sa grossesse, la triple championne du monde a perdu des sponsors. Son retour prévu aux Jeux paralympiques de 2028 est incertain - non pas en raison de sa forme sportive, mais par manque de garantie financière.

La bonne nouvelle : les choses bougent. La Women's Tennis Association a introduit en 2025 un programme de protection de la maternité qui fera date. Il s'applique également aux joueuses qui adoptent ou deviennent parents avec une partenaire. Douze mois de sécurité financière et d'accès à des conseils médicaux créent de nouvelles marges de manœuvre - pas seulement sur le court, mais aussi dans la vie.

Des stars de haut niveau comme Serena Williams, Naomi Osaka ou Belinda Bencic montrent ce qui est possible : des carrières sportives qui se déroulent non pas malgré, mais avec la famille.

Le signal est clair : si les structures sont adaptées, la famille devient une force dans le sport professionnel - et non un risque.

La santé des femmes n'est pas un "nice-to-have" - mais un facteur central pour des sociétés saines et des entreprises performantes. Theresa Härter, conseillère en santé mentale et santé des femmes, WORK BODY MIND, en a parlé lors de son talk à l'ISPO Munich "Taboo or transformation - Why female health in the world of work is not a "nice to have"".

Elle souligne que 700 maladies sont diagnostiquées en moyenne plus tard chez les femmes que chez les hommes. La conséquence ? Neuf années de mauvaise santé - par femme. Les dommages économiques : environ 1 billion d'euros par an, causés par l'absence de diagnostic, les mauvais traitements et la négligence structurelle.

La solution serait pourtant à portée de main : Une gestion de la santé sensible au genre, qui ne généralise pas mais différencie. Endométriose, SOPK, lipœdème ou ménopause - ces diagnostics concernent des millions de femmes, mais restent souvent absents de la prévention et des programmes de santé en entreprise (GSE). Cela doit changer.

Qu'est-ce que cela signifie concrètement ? Les offres sportives doivent tenir compte des particularités hormonales, les cours de nutrition doivent être adaptés aux tableaux cliniques tels que le SOPK, la santé mentale doit également être pensée dans le contexte des douleurs chroniques. Les entreprises qui pensent la santé de manière globale et en fonction du sexe n'investissent pas seulement dans les personnes - mais aussi dans la capacité à affronter l'avenir.

ISPO 2025 (30. NOV. - 02. DÉC.2025 ) consacre un hall entier au thème Health & Wellbeing. De nouvelles perspectives sur la santé physique et mentale des femmes y seront visibles - à travers des produits, des concepts et des discussions qui allient sport, prévention et égalité des sexes.

Elles sont C-Level, fondatrices, pionnières de la branche - et mères. Des femmes comme Amy Montagne (Nike), Carla Murphy (adidas), Anne-Laure Descours (anciennement Puma) ou Antje von Dewitz (Vaude) montrent ce que peut signifier un leadership moderne : La conciliation comme attitude, le soin de soi comme force, le purpose au lieu de la pure performance.

Antje von Dewitz, mère de quatre enfants et directrice de Vaude, résume la situation en ces termes : "Celui qui comprend le management comme une forme de travail de care dirige de manière plus durable, plus empathique - et avec plus de succès. Pour Amy Montagne, la maternité a été un tournant : elle a complètement transformé son leadership, est devenue plus vulnérable, plus visible - et donc plus efficace. Quant à Anne-Laure Descours, elle a délibérément choisi Hong Kong comme lieu de vie pour pouvoir se développer en tant que mère et cadre supérieure - une déclaration sociopolitique. Carla Murphy fait avancer le secteur Outdoor chez adidas avec vision et persévérance - et est en même temps ultra-coureuse et mère de deux enfants.